Interview de personnages : Siobhan Alfheral
Salut à tous, j’espère que vous allez bien. Je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel article consacré à une interview de personnage. Et aujourd’hui nous allons à la rencontre d’une femme d’exception : Siobhan Alfheral.
MH : — Dame Alfheral, bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. La plupart d’entre nous vous connaît à travers vos aventures dans Le prix de la liberté. Mais les choses ont bien évolué depuis. Dans un premier temps, pourriez-vous vous présenter, nous dire qui vous êtes et quelle est votre fonction, aujourd’hui ?
SA : — Bonjour, merci à vous de m’avoir invitée. Je ne pensais pas avoir autant d’importance pour vos lecteurs et pour vous…
MH : — Vous plaisantez ?
SA : — Non… je ne suis pas quelqu’un de très drôle…
MH : — Oui, ça, je sais…
SA : — Bref… Je m’appelle Siobhan Alfheral. J’ai trente-six ans, et je suis à l’heure actuelle Première Magistère de l’Ordre d’Enora.
MH : — Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette organisation ?
SA : — L’Ordre d’Enora est présent uniquement sur l’île de Dramung. Il est composé des prêtresses, des mages élémentalistes, et de guerriers humains sans capacités magiques. Nous formons les mages à l’académie pour leur apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Les guerriers sont entraînés dans le but de protéger la population en cas d’attaque extérieure, mais également pour maintenir l’ordre au sein des habitants. Les prêtresses intercèdent auprès d’Enora pour veiller sur tout ce petit monde.
MH : — Pourriez-vous nous en dire plus sur qui vous êtes, vos origines, d’où vous venez ?
SA : — Je suis née en Erhetylia, sur le continent, dans une petite ville du nom d’Oris, à quelques jours de la capitale impériale Taghonya, en direction du sud. La plupart des habitants sont blancs, mais il y a aussi quelques métisses, car Oris est située aux portes du désert, là où vivent les tribus des hommes noirs.
MH : — Cela a-t-il une importance ? Dans cette société, y a-t-il une discrimination sur les personnes de couleur ?
SA : — Pas du tout ! Pourquoi cette question ? Chez vous, ça pose problème ?
MH : — Bien moins qu’à une certaine époque. Mais alors il n’y a aucune discrimination en Erhetylia ?
SA : — Je n’ai pas dit ça. En tout cas, aucune qui soit fondée sur l’origine ethnique ou la couleur de la peau. Les relations entre femmes, ou entre hommes ne sont pas spécialement bien vues, mais pas interdites. La seule vraie ségrégation sur le continent concerne les mages élémentalistes. Pourtant la magie est tolérée, puisque l’empire et les sorcières du Cercle sont alliés depuis des siècles. Sans compter la milice, composée uniquement d’hommes pourvus de capacités physiques.
MH : — Mais alors qu’est-ce qui effraie tant l’empire chez les mages ?
SA : — Pour comprendre, il faut remonter à l’époque de la Grande Guerre, il y a mille ans. Je ne vais pas rentrer dans les détails, ce serait trop long, mais pour résumer, les dragons et les mages, se sont battus contre les Baeleths et les sorcières. Ils ont mis le continent à feu et à sang, sans s’occuper des dégâts qu’ils faisaient auprès de la population. Des villes entières ont été rayées de la carte, des peuples détruits.
MH : — Les mages n’étaient pas les seuls responsables, alors !
SA : — Vous savez comment fonctionnent les gouvernements. Ils aiment tourner les informations à leur avantage pour mieux contrôler les populations.
MH : — Ah ! Si on commence à parler politique… Pour revenir à des sujets plus légers, avez-vous des cicatrices, marques de naissance, ou des tatouages ?
SA : — Je n’ai ni tatouage ni marque de naissance, en revanche, j’ai une cicatrice sur l’épaule gauche, issue de mes quelques jours d’esclavage.
MH : — C’est là qu’était incrustée la pierre de démons ?
SA : — C’est exact.
MH : — Pouvons-nous parler de votre famille ?
Elle pousse un profond soupir, me sourit tendrement et hoche la tête.
SA : — Avec plaisir.
MH : — Qui sont vos parents ? Avez-vous des frères et sœurs ? Parlez-nous un peu d’eux.
SA : — Je n’ai qu’un frère, Fedryk, quatre ans plus jeune que moi. Quand nous étions jeunes, il était apprenti menuisier, et je crois que ça lui plaisait beaucoup. Papa était charpentier, et maman était lavandière.
MH : — Vous étiez proches, avec Fedryk ?
Elle marque un silence avant de répondre.
SA : — Oui, très proches. Il me manque.
MH : — D’autres membres de votre famille sont encore en Erhetylia ?
SA : — S’ils sont encore en vie, il y a mon oncle, le frère de mon père, qui est tavernier.
MH : — Oui, on se souvient de lui !
SA : — N’est-ce pas ? Je crois que j’ai un peu hérité de son caractère.
MH : — Il y a peut-être de ça, en effet !
SA : — Et puis il y a sa femme, et leur enfant. Peut-être qu’ils en ont eu d’autres après mon arrestation, je n’ai pas gardé contact. Je ne crois pas avoir d’autres membres de ma famille encore en vie sur le continent.
MH : — Comment décririez-vous votre enfance ?
SA : — Oh, compte tenu des circonstances, j’ai eu une enfance relativement normale. Mes parents m’aimaient, je protégeais mon petit frère, on se chamaillait, mais rien de méchant. Je sais aujourd’hui que tout ce que mon père a fait, c’était pour m’offrir une vie stable, et me protéger, pas pour me faire du mal.
MH : — Je voulais vous demander l’épisode que vous a le plus marqué dans votre vie, mais j’imagine que c’est ce qui se passe dans Le prix de la liberté ?
SA : — Oui, et tout ce qui en a découlé, le pire comme le meilleur.
MH : — Votre relation avec Ginevra ?
SA : — Ginny, oui. Entre autres.
MH : — Ce qui m’amène aux questions suivantes : où vivez-vous actuellement ?
SA : — Depuis vingt ans, je vis sur l’île de Dramung, au large des côtes d’Erhetylia, avec d’autres mages comme moi, mais aussi des gens tout à fait ordinaires qui n’ont pas peur de nous.
MH : — Ce doit être agréable ?
SA : — Oui, très appréciable. Je n’ai plus l’impression d’être un monstre ou une erreur de la nature.
MH : — Et donc, tout ça c’est bien gentil, mais quel est votre but, votre objectif, à plus ou moins long terme ? Est-ce que vous allez continuer de vivre votre petite vie tranquille et laisser l’empire continuer de réduire les mages en esclavage ?
SA : — Si je réponds, vous ne craignez pas que j’en dise trop pour vos lecteurs ?
MH : — Vous pouvez bien nous en dire un petit peu, pour les faire saliver.
SA : — Évidemment que non, je ne compte pas rester là sans rien faire, à savourer mon existence tranquille, loin du danger. De toute façon, les évènements m’obligeront à prendre des décisions.
MH : — Vous pensez pouvoir libérer les mages ?
SA : — J’en ai déjà libéré plusieurs et je compte bien continuer, oui. Mais ça devient de plus en plus difficile, vous pensez bien. L’empire et la milice sont partout sur le continent. Passer entre les mailles du filet, trouver et libérer les esclaves, et s’enfuir avant de se faire arrêter, ou tuer, cela relève presque du miracle.
MH : — On vous souhaite bien du courage… Maintenant, parlons magie. Pour celles et ceux qui n’auraient pas encore lu Le prix de la liberté…
SA : — C’est possible ça ?
MH : — Euh oui, je n’ai pas encore la renommée de J.K.Rowling…
SA : — Qui ?
MH : — Laissez tomber. Donc, pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, quel est votre pouvoir ?
SA : — Je suis pyromancienne, je contrôle le feu.
MH : — Est-ce que vous pouvez le faire apparaître, comme ça, de nulle part ?
SA : — J’imagine que c’est l’impression que ça donne en effet, mais en réalité, rien ne vient « de nulle part ». De mon point de vue, c’est Enora, notre déesse protectrice, qui me permet de puiser dans les forces de la nature pour créer du feu et le plier à ma volonté. Peut-être que dans votre monde, vos scientifiques auraient d’autres explications.
MH : — Oui, sans doute une histoire de friction des atomes, mais je ne suis pas assez calée sur le sujet pour développer en ce sens. Et ça ne m’intéresse pas. Dans Erhetylia, tout est magie, et n’a pas besoin forcément d’explications détaillées.
SA : — C’est quoi des atomes ?
MH : — Encore une fois, laissez tomber…
SA : — D’accord… Question suivante ?
MH : — Oui, quelle est la personne la plus importante dans votre vie, pourquoi ?
SA : — Ginevra, ma compagne. Parce que je l’aime tout simplement. Qu’elle m’a sauvé la vie, de l’empire et de moi-même.
MH : — Avez-vous des rivaux, des ennemis ?
SA : — En dehors de l’empire, la milice et le cercle, vous voulez dire ?
*rire*
MH : — Oui, c’est vrai… Des amis alors ?
SA : — Keba Indila. Il me rappelle mon frère et je tiens beaucoup à lui. Il a cette espèce de… force tranquille. Il en a bavé aussi, et c’est peut-être pour ça qu’on est si proches.
MH : — Avez-vous de lourds secrets, quelque chose d’inavouable ?
SA : — Je ne crois pas, non. À part le fait que je connaissais l’existence de mes pouvoirs depuis longtemps, et que les choses auraient peut-être étaient différentes. Mais on ne peut pas refaire le passé donc…
MH : — Non non, vous n’allez pas vous en tirer ainsi. En quoi les choses auraient été différentes ?
SA : — Si j’avais avoué à mes parents pour mes pouvoirs, je sais qu’ils auraient trouvé une solution. Mon père nous aurait emmené loin d’Oris, loin de la capitale, avant que les choses ne dérapent.
MH : — Vous ne pensez pas qu’il vous aurait dénoncé à la milice, plutôt ?
SA : — Je ne crois pas, non. C’était un homme conformiste, mais il nous aimait. Jamais il ne m’aurait fait de mal volontairement.
MH : — Mais vous n’en seriez pas là aujourd’hui, si vous vous étiez enfuie, et si vous n’aviez pas vécu tous ces évènements. Beaucoup de monde compte sur vous aujourd’hui, je me trompe ?
Elle me regarde sans broncher et acquiesce lentement.
MH : — Évoquons plutôt vos croyances religieuses. Vous nous avez parlé d’Enora. Vous pouvez nous en dire plus ?
SA : — Enora est la déesse créatrice, elle nous aime et nous protège. Sur Dramung nous avons un temple qui lui est dédié et où nous la prions. C’est le dernier temple d’Enora encore debout dans tout Erhetylia, car comme vous le savez sans doute, l’empire a banni le culte d’Enora il y a longtemps. Nous la représentons sous les traits d’une femme aux longs cheveux noirs, à l’attitude maternelle. Ça ne veut pas dire qu’elle ne peut pas se montrer implacable. Les pouvoirs dont elle nous a dotés en sont la preuve. Nous pouvons tuer avec la magie, l’histoire nous l’a prouvé. Le plus important est ce que nous faisons de nos capacités, et comment nous les utilisons.
MH : — Considérez-vous que certains groupes ou genres de personnes sont inférieurs ou supérieurs ?
SA : — Jamais de la vie ! C’est ce qu’essaie de faire croire l’empire, mais c’est faux ! Sur l’île de Dramung, nous acceptons toutes celles et tous ceux qui demandent notre protection. Les hommes et les femmes ont les mêmes responsabilités. La couleur de peau n’a aucune importance, tout comme l’origine, ou même si vous avez des pouvoirs ou non. Enora nous apprend que toute vie est précieuse. En supprimer une, c’est abîmer un peu plus notre âme et nous couper des mondes supérieurs, et l’espoir de revoir nos proches disparus un jour.
MH : — Avez-vous des hobbies ? Quel est votre passe-temps favori ?
SA : — Les dragons… je passe la plupart de mon temps libre avec Meriadoc. J’aime beaucoup voyager, mais par les temps qui courent, c’est un peu compliqué.
MH : — C’est pas faux. Bien, je crois qu’on a fait le tour, pour le moment en tout cas. Merci beaucoup pour votre temps, Dame Alfheral, et merci d’avoir répondu à mes questions. On vous retrouve dans l’épisode 1 d’Erhetylia alors ?
SA : — Apparemment oui. Merci à vous pour ce petit intermède dans mon quotidien, bonjour aux lectrices et aux lecteurs. Et à bientôt.
Voilà qui clôt cette entrevue de personnage. J’espère que cet article vous a plu, que les questions et réponses vous ont intéressées. Si vous avez d’autres questions à poser, dites-le-moi en commentaire et je verrai pour refaire une interview après la parution de la saison 1. Pour celles et ceux qui seraient intrigués d’en savoir plus, il vous suffit de lire Le prix de la liberté 🙂
Sur ce, je vous souhaite de bonnes fins de vacances, ou bon courage si vous travaillez. On se retrouve très bientôt pour un nouvel article.
Prenez soin de vous 🙂