Jour 10 : Espoir
Le feu d’artifice terminé, les convives regagnèrent habitations et taverne pour la nuit. La journée du lendemain, consacrée au rangement et au nettoyage, serait harassante. Georg adressa un signe de la main à la famille de Maëlys qui s’éloignait. La fillette s’était depuis longtemps effondrée dans les bras de son père.
Une main se posa sur son épaule. Il leva des yeux fatigués vers la femme aux cheveux d’argent qui lui souriait.
— Allons nous reposer. Demain, nous reprenons ton entraînement.
L’enfant acquiesça en silence, glissa sa petite main dans celle de sa tutrice et la suivit jusqu’à la taverne où les attendait leur chambre.
Au milieu de la nuit, Georg sursauta. Il avait cru entendre un cri déchirer la nuit. Rad’yo grogna dans son sommeil et se tourna dans son lit. Le garçon inspira profondément pour tenter de calmer les battements de son cœur et se rallongea finalement.
Il était sur le point de se rendormir quand un nouveau cri retentit. Cette fois, Rad’yo le perçut également et se redressa à son tour sur son matelas. De concert, ils s’habillèrent à la hâte et sortirent dans la rue. D’autres habitants faisaient de même, torches à la main, la mine ensommeillée, mais inquiète.
— Vous avez entendu ça ? C’était quoi ? demanda un homme de la vallée.
— Aucune idée, ça venait de la forêt, lui répondit une vieille femme du village en désignant l’endroit de son index crochu.
Alors qu’un petit groupe de courageux volontaires prenait la direction indiquée, des pas précipités se rapprochèrent. Soudain, une femme échevelée jaillit du couvert des arbres et tomba dans les bras de la télépathe.
— Mon fils ! s’écria-t-elle d’une voix rendue rauque par sa course. Ils ont enlevé mon fils ! Ils arrivent… Fuyez !
Ce “ils”, tout le village savait de quoi il s’agissait, mais pas Rad’yo, originaire d’une contrée lointaine. Toutefois, nul besoin d’explications, grâce au don qu’elle possédait. Il lui suffisait de scruter au plus profond du regard de l’inconnue, pour y trouver les réponses qu’elle cherchait.
Alors que le petit groupe retournait au village avertir les autres, Rad’yo attrapa le bras de Georg et se pencha vers lui.
Tu es là pour une raison. Personne ne s’enfuira aujourd’hui. Nous devons les repousser, c’est notre seule chance de sauver les habitants. Tu comprends ?
Mais… je suis pas prêt !
Je sais. Mais tu n’es pas seul…
Maëlys !
Rad’yo hocha la tête et relâcha le bras de Georg qui courut aussitôt en direction de la maison du forgeron.
Si la télépathe disait vrai, et si toutes les histoires horribles, entendues par le garçon à propos de la menace qui se dirigeait vers eux, recelaient un fond de vérité, les deux enfants représentaient effectivement le seul espoir pour les habitants du village.