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Jour 20 : Corail

 

Maëlys retrouva Georg près de la fontaine, sur la place centrale du village. Elle avait été reconstruite à l’identique après sa destruction, et desservait les habitations à travers un complexe réseau souterrain. Le jeune homme avait toujours été fasciné par cette structure qui représentait une femme à demi vêtue pourvue d’une membrane reliant ses bras à son corps et qui portait une jarre d’où l’eau s’écoulait lentement. Pyter, le vieux pêcheur, lui avait révélé un jour que cette créature était une Manta, sorte de sirène qui vivait près des côtes. Malgré la distance qui séparait le village de la mer, une tradition séculaire persistait en ce lieu, et les villageois chérissaient autant les produits de l’océan que de la terre.

Quelques coraux aux reflets nacrés avaient été déposés au fond pour décorer la fontaine, mais ce n’était rien comparé à l’offrande qui recouvrait le roc autrefois.

La jeune femme posa sa main sur l’épaule de son compagnon qui la suivit en direction des commerces.

— De quoi on a besoin ? demanda-t-il d’une voix rauque.

— Des herbes, de la crème, du pain.

— Avec quoi on va payer ?

— Avec notre temps et notre énergie, comme d’habitude.

Georg soupira et acquiesça. Le boucher lui demanderait de l’aider pour rôtir la viande, l’herboriste demanderait à Maëlys de l’accompagner à la cueillette, le boulanger réquisitionnerait leur talent pour allumer son four et ainsi économiser son bois, et la crémière les embaucherait pour la traite tôt tous les matins, pendant au moins une semaine.

— C’est pas comme si on avait autre chose à faire, rétorqua Maëlys sans même que Georg ait formulé le moindre reproche.

Le jeune homme tourna le regard vers l’est, où le soleil montrait ses timides rayons matinaux. Il reporta son attention sur le chemin devant eux.

— Comment va Tadeus ?

— La fièvre est toujours là, il tousse beaucoup. Ça le fatigue.

— Tu crois qu’il…

— Ne pense même pas à terminer cette phrase. Il est fort, et il s’en sortira, comme toujours.

— Maë…

— Non !

— Il est chaque année de plus en plus malade, tu ne peux pas le nier. Un jour…

— Un jour, je reprendrai la forge. Le plus tard sera le mieux. Maintenant, avance.

La discussion était close, et Georg le savait parfaitement. Tadeus et Maëlys avaient tissé des liens très forts au fil du temps et la jeune femme ne pouvait se résoudre à l’idée de perdre son vieux père. Le jour où cela arrivera, Georg devrait être préparé à supporter le chagrin, la colère et le désespoir de sa compagne… et éviter qu’elle ne détruise le village.

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