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Jour 21 : Sommeil

 

La semaine fut longue et harassante pour les deux jeunes gens, si bien qu’ils ne virent pas le temps passer, finalement.

Tous les matins, Maëlys se rendait chez la crémière, et l’accompagnait pour traire les vaches au lever du jour, puis l’aidait à transporter les jarres jusqu’à la crèmerie. Ensuite, elle ou Georg frappait chez le boulanger, allumait son four et entretenait la chaleur durant plusieurs heures. Durant ce temps, l’autre se rendait en forêt et retrouvait l’herboriste pour y cueillir les herbes et les racines dont la vieille femme avait besoin pour ses décoctions. Et alors que Maëlys rentrait à la maison pour aider Laïla à soigner Tadeus, ranger, nettoyer, et laver le linge, Georg allait chez le boucher, embrasait la rôtisserie pour que la viande soit prête le midi.
Lorsque les jours de repos arrivèrent, ils étaient tous les deux exténués d’avoir utilisé leurs pouvoirs, de s’être levés aux aurores tous les matins, mais ils se sentaient fiers. Ainsi ils avaient de quoi remplir leurs assiettes et celles de leurs parents, et ils avaient aidé les villageois. C’était le moins qu’ils pouvaient faire.

Lorsque le soleil déclina à l’horizon ce soir-là, ils tombaient de sommeil, et pourtant, ils n’étaient pas prêts de dormir. Maëlys siffla une note aiguë pour avertir son compagnon qui se retourna pour observer ce qu’elle lui désignait. Réprimant un bâillement, il la rejoignit et plissa les yeux pour mieux voir. Au loin, dévalant la colline depuis le château du seigneur Gallio, un cavalier arrivait au galop.

Toute fatigue oubliée, les deux jeunes gens coururent en direction de la sortie nord pour avertir les guetteuses. Plus rapide, Maëlys parvint sur les remparts en premier. Elle serra les poings qui s’enflammèrent. La guerrière à ses côtés empoigna son arc et ses flèches.

— Tu crois qu’il est dangereux ?

— On est jamais trop prudent. À la tombée de la nuit, je préfère me tenir prête.

— Maë, attends ! l’appela Georg depuis la rue, essoufflé.

Trop tard. La jeune femme lança une boule de feu de la taille de son poing qui percuta le sol devant les sabots du cheval. La monture fit une embardée, se cabra et jeta son cavalier à terre.

Georg accéléra sa course.

— Ouvrez les portes ! hurla-t-il aux soldats de la garde.

Confiants envers leur compagnon, les hommes sautèrent sur leur pieds et obéirent. Georg passa devant eux sans s’arrêter et s’élança en direction de l’intrus, Maëlys sur ses talons.

Ils arrivèrent rapidement près de la personne étendue sur le dos. Sa respiration sifflante trahissait de la brutalité de sa chute et pourtant, un rire semblait s’échapper de ses lèvres entrouvertes. Une longue mèche grise s’échappait de sous sa capuche.

— Rad’yo ? s’exclama Maëlys qui se précipita auprès de la télépathe pour l’aider à se remettre debout.

— Si c’est comme ça que tu accueilles les vieilles connaissances, alors je suis contente de ne pas être ton ennemie !

— Je suis désolée, je suis fatiguée, j’aurai dû mieux regarder.

— Ne t’en fais pas. Je préfère te savoir sur tes gardes en toutes circonstances. Mais laissez-moi vous regarder, tous les deux. Comme vous avez grandi !

Georg souriait de toutes ses dents pointues, le regard humide, la gorge nouée. Rad’yo lui ouvrit ses bras et il s’y réfugia comme autrefois. Malgré les années, la mage n’avait pas changée. Elle avait l’impression de ne les avoir quittés que la veille.

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