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Jour 25 : Copain

 

Georg poussa les portes de la maison pour aller se rafraîchir avant de passer à table. Laïla avait déjà préparé le petit déjeuner qui les attendait sur la table de la salle à manger. Maëlys passa à côté de lui sans un mot, sans un regard. Le jeune homme s’en sentit blessé mais ne réagit pas. Les adultes échangèrent des regards embarrassés et observèrent la jeune femme quitter la demeure en silence. On la vit passer à cheval quelques minutes plus tard. Elle ne revint pas avant plusieurs heures.

Dans l’intervalle, la famille déjeuna dans un silence religieux. Après quoi, Georg rejoignit le garde-chasse en lisière de forêt. Rad’yo devant s’entretenir avec le bourgmestre, le jeune homme s’était proposé pour assister le chasseur, afin de comptabiliser les animaux qu’ils verraient, installer des collets et des pièges, et surtout essayer de comprendre pourquoi le gibier se faisait plus rare, alors que la période était propice aux naissances.

Quand il revint au village dans l’heure de midi, il arriva en même temps que Maëlys. Il lui adressa un sourire timide, auquel elle répondit de la même manière. Elle avait les yeux rougis, quelques parcelles de ses vêtements brûlés, ses cheveux roux en bataille. Elle avait apparemment choisi de se défouler à l’abri des regards, pour éviter de blesser quelqu’un. Ainsi, elle pourrait reprendre son travail avec Tadeus à la forge pour le restant de la journée.

En pensant au forgeron, Georg se demanda où le colosse était passé. À cette heure-là, il aurait dû le trouver attablé, à mordre dans une cuisse de chevreuil, engloutissant les pommes de terre avec appétit. Laïla était sans doute encore avec l’herboriste pour acheter les plantes dont elle avait besoin pour ses tisanes revigorantes. Des pas dans son dos le firent se retourner.

— Il est encore avec le boucher. Tu sais comme ils sont, copains comme cochon tous les deux.

Entendre parler du boucher et de cochon dans la même phrase détendit aussitôt l’atmosphère. Maëlys et Georg partirent ensemble d’un éclat de rire et la jeune femme vint se blottir dans les bras de son compagnon.

— Je vais refuser.

— Quoi ? s’étonna Georg qui ne s’attendait pas à une telle décision. Tu peux pas faire ça, c’est le roi !

— Alors, disons plutôt que je vais négocier.

— Sage décision, rétorqua Rad’yo qui apparut sur le seuil de la maison.

Georg lui fit signe d’entrer et mit la table pour toute la petite famille en attendant que tout le monde rentre.

— Et comment comptes-tu négocier avec le roi en personne ? interrogea la mage, le regard espiègle.

— S’il veut vraiment de moi dans son armée, il devra accepter Georg. C’est nous deux ou personne. Il aurait tort de se priver de l’Alternak.

— C’est justement l’Alternak qui lui fait peur ! Tu sais très bien le danger qui menace le royaume.

— Je ne sais pas pourquoi, mais nous sommes différents. Tu l’as senti aussi, sinon, tu ne serais pas là, et tu ne nous aurais pas aidés.

La télépathe sourit et sortit le plat du four avant qu’il ne soit cramé.

— En effet, vous êtes différents et j’ignore encore comment. Mais j’ai mené des recherches durant ces dernières années. Et je crois avoir trouvé une piste. Ça vous intéresse ?

— Et comment ! répondirent en chœur les deux jeunes gens, qui, sans s’en rendre compte, s’étaient pris par la main.

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