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Jour 7 : Fantaisie

 

La fête de l’automne approchait, et avec elle l’effervescence qui agitait déjà le village. Des jeunes gens des hameaux voisins s’invitaient pour quelques jours, aidaient à installer les tentes et les tonnelles, les tables et les bancs. C’est durant ces préparatifs que Maëlys fit la connaissance d’enfants de son âge qui devinrent, par la suite, des amis.

La fin de journée approchant, Maëlys et ses nouvelles camarades rentrèrent avec leurs parents pour s’apprêter. Pour l’occasion, Laïla avait cousu une petite robe aux couleurs de la saison qui faisait ressortir la couleur des cheveux de sa fille. Lorsqu’elle l’eut enfilée, Maëlys s’admira dans le miroir, peu convaincue de ce qu’elle y voyait. La mine boudeuse, elle leva les yeux vers sa mère, à travers le psyché.

— C’est… je ressemble à…

— Tu es magnifique, ma chérie. Et pour compléter le tout, je t’ai trouvé un ruban pour tresser tes cheveux. Viens t’asseoir.

Docile, bien que toujours renfrognée, Maëlys obtempéra. Les souliers neufs que sa mère lui avait offerts lui faisaient mal aux pieds et rendaient sa démarche maladroite. Les sous-vêtements la grattaient et la robe, certes jolie, lui paraissait si fragile qu’elle n’osait faire le moindre mouvement brusque. Elle prit place sur le tabouret de sa chambre et laissa Laïla lui brosser et natter les cheveux.

Quand elle eut terminé, la jeune femme prit sa fille par la main et l’emmena au rez-de-chaussée où Tadeus les attendait pour se rendre à la fête.
En apercevant sa fille dans cet accoutrement, il arqua les sourcils, ouvrit la bouche et s’exclama avant d’avoir pu s’en empêcher :

— Qu’est-ce que c’est que ça ? Elle est pas un peu jeune pour ce genre de fantaisie ?

Laïla foudroya son mari du regard et afficha un sourire crispé sur ses lèvres fines.

— Elle est parfaite. Et il n’est jamais trop tôt pour se faire belle.

— Parce que d’habitude, je suis pas belle ? se récria l’enfant, en se tournant brusquement vers sa mère, contrariée.

Tadeus se retint de rire devant la mine décontenancée de sa femme et attrapa l’enfant pour la porter sur ses épaules, faisant fi des protestations de Laïla pour éviter de froisser le tissu de la robe.

— Tu es toujours parfaite, ma chérie. En particulier quand tu as de la boue plein les mains et des feuilles mortes dans les cheveux. Allez, viens. Les feux d’artifice ne vont pas se lancer tout seuls !

Le forgeron et sa fille sortirent dans la rue, sous le regard attendri de la mère qui s’était autorisée, elle aussi, la fantaisie d’une cape toute neuve pour se prémunir de la fraîcheur de la nuit.

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